La rue assourdissante autour d’elle hurlait. Depuis qu’elle avait pris la route, Arras était sans nul doute l’une des plus grandes villes qu’elle traversait. Et quelle ville. Le vacarme de la place du marché engendré par les marchands qui s’égosillaient à vanter leur marchandise plus ou moins avariée, les couleurs chatoyantes des rubans requis par les dames qui allaient et venaient se mêlant à celles plus ou moins pastelles des épices venues d’orient dont les senteurs venaient chatouiller les narines de la demoiselle.
Elle ne faisait pas deux pas qu’elle ne manquait de se faire bousculer par un individu pressé par le temps ou par je ne sais quelle autre raison. Le temps est frais. La saison le justifie.
Autour de son cou elle resserre son châle, seul attribut de ses guenilles et tient plus fort contre sa poitrine sa besace chargée du trésor de l’homme qu’elle a rencontré à Peronne. Celui grâce à qui elle a pu manger à sa faim et garder avec elle de quoi se sustenter jusqu’à son arrivée à destination. Il lui avait promis de faire une partie de la route avec elle, mais des obligations avaient eu raison de cette volonté.
Qu’à cela ne tienne, elle avait continué sa route seule, accompagnée de la seule bonne fortune de ne pas croiser de brigands sur le chemin.
Son premier arrêt à Arras fut donc l’Eglise où elle alla prier le très haut de lui avoir accordé un trajet sans mauvaises rencontres. Il lui faudrait ensuite trouver un travail, car sa bourse était loin d’être pleine. Son second arrêt serait donc la mairie ou le bureau du tribun afin de s’enquérir d’une quelconque offre d’emploi.
Dans les rues elle flâne, jetant un œil par ci par là sur les étals qu’elle croise. Celle du boulanger attire forcément son regard, garni de son bon pain tout droit sorti du four.
5.60 la miche !
N’didiou, voilà bien c’que c’est que la grande ville.
Elle regrette un peu sa petite Peronne où elle a passé ses dernières semaines. Les marchandises y étaient bien plus abordable et les citoyens généreux dans leurs offres d’emploi. Enfin bon, elle verra bien si elle a la chance d’y croiser bonne âme.